Saturday, 24 April 2010

Moi et Je

France Léa
Mars 2010 Geneviève Bertezène. Libraire Editeur


Tout à l’heure un papier froissé est tombé de ma poche.
J’ai continué mon chemin sur une trentaine de mètres.
J’ai fait demi-tour. Pour revenir sur mes pas ramasser la boulette.
La conscience l’a emporté sur la flemme après un combat intérieur d’une trentaine de mètres.
J’ai bien dit combat. Lutte. Corps à corps. Empoignade,
engueulade intérieure: tu vas aller la ramasser ta boulette oui ?

Corps à corps… Comme si on était dans la même peau.

A few moments ago a crumpled piece of paper fell from my pocket.
I continued on my way for about thirty metres
I turned round. To retrace my steps and pick up the ball of paper.
Conscience won over laziness after an internal fight lasting about thirty metres.
I really mean a fight. Struggle. Head to head combat. Tussle, slanging match: you are going to pick up your ball of paper, aren’t you?

Head to head… like one was in the same skin.

On est deux: moi et je.
Moi aurait laissé traîner la boulette. Moi s’en fiche.
Ce que moi laisse trainer, je va le ramasser.
Moi aurait tendance à se laisser prendre par toutes les vitrines, acheter ceci, cela.
Je l’empêche. Parce que je pense, je réfléchit: ça, ça, ça, est-ce bien nécessaire ?
Moi veut tout. Avide, insatiable, comme un enfant.
Heureusement que je suis là! Que je suis un père, une mère pour moi.

We are two: me and I.
Me would have let the ball of paper lie. Me couldn’t care less.
That which me let’s lie, I goes to pick up.
Me would have a tendency to be drawn in by all the shop windows, to buy this or that.
I prevents me. Because I thinks, I reflects: this, that and the other is it really necessary?
Me wants everything. Avid, insatiable, like a child.
It's fortunate that I am here! That I am a father, a mother to me.

Je n’ai pas toujours été là.
Moi en a laissé trainer des boulettes. En a acheté des choses en trop, dont je peine aujourd’hui à me défaire.
Des conjugaisons montrent bien qu’on est deux: Je me promène. Je promène moi.

Moi irait n’ importe où. Je l’oriente. De préférence vers les jardins. Vers là où c’est vert, clair, lumineux.
Moi irait voir n’importe quoi. Du moment que l'on dit que c’est à ne pas manquer, moi le croit.

I have not always been there.
More than once me has let the pieces of paper, the blunders, lie there. Has bought too many things which I have difficulty to get rid of.
Some conjugations show well that we are two: I go for a walk. I take me for a walk.

Me would go anywhere. I gives me direction. Preferably towards gardens. Towards the green, the light and the luminous
Me would go to see anything. From the moment that one says it is not to be missed, me believes it.

Une autre conjugaison montre bien qu’on est deux: je me calme.
Je calme moi, qui s’énerve pour un rien.
Dans les files d’attente, si quelqu’un fait mine de vouloir prendre mon tour, je dois intervenir d’urgence: calme-toi.
Des « moi » hyper énervés, sans « je » pour les calmer, à la moindre contrariété, sortent le poing, le couteau, le flingue.

Another conjugation shows well that we are two: I calm myself.
I calms me, who gets annoyed for nothing.
In a queue, if someone looks like they want to take my place, I have to intervene as a matter of urgency: Calm yourself.
“Me’s” are always hyper, without “I” to calm them, at the slightest annoyance “me’s” bring out the fist, the knife or the shooter.

Je suis rentrée mécontente de moi cette nuit.
On ne sortira plus me suis-je dit, ai-je dit à moi, qui a bavassé toute la soirée. Je n’ai rien pu dire. Je m’entendais me vanter, me plaindre, critiquer le monde: Tais-toi, tais-toi donc !
Qu’est-ce que tu racontes ? C’est n’importe quoi.
Moi n’entend pas, n’écoute pas la petite voix que je suis.
Je n’insiste pas.
Quand c’est comme ça, au bout d’un moment, je s’en va.
Je disparait complètement. Moi continue son cinéma.

I returned unhappy with me tonight.
We will no longer go out I said to myself, said I to me, who has jabbered away the whole evening. I have been unable to say anything. I was hearing me boasting, me complaining, criticising the world: shut up , shut up, why don’t you!
What are you talking about? It’s nonsense.
Me doesn’t hear, doesn’t listen to the little voice that I am.
I doesn’t insist.
When it’s like that, after a while, I goes away.
I disappears completely. Me continues her performance.

Quelqu’un dans la salle pourrait demander: C’est votre moi ou votre je qui parle? Vous êtes qui là? Excellente question a laquelle je va répondre.
Depuis le début, je parle… de moi ! De mes ennuis, de mes désaccords avec moi.
Autant je peux parler de moi, autant moi est incapable de dire qui je suis.
Moi ne sait jamais qui je suis.
Moi est le visage pâle dont je suis l’Indien. Le visage pâle ignore à peu près tout l’être dont il occupe le territoire.
Moi est le trou de serrure, le judas à travers lequel je perçois étroitement, obscurément, faussement le monde.
Seulement je ne peut vivre sans moi. Ici-bas ? Impossible !
Moi fournit les bras, les jambes, les oreilles, les yeux, la bouche.
Que serais-je sans moi!

Someone in the room could ask: Is it your me or your I who is speaking? Who are you there? Excellent question to which I is going to reply.
From the beginning I am speaking…. about me! Of my difficulties and disagreements with me.
Whilst I can speak about me, me is incapable of saying who I am.
Me never knows who I am.
Me is the pale-face of which I is the Indian. The pale-face ignores almost entirely the being of the territory which he occupies.
Me is the keyhole, the peep-hole through which I perceive the world narrowly, obscurely, falsely.
But I is unable to live without me. In this world? Impossible!
Me supplies the arms, the legs, the ears, the eyes, the mouth.
What would I be without me.

Pour en revenir et en finir avec la soirée d’hier, c’est moi qui avait voulu y aller. Je n’y tenait pas. Chaque fois que je me laisse entrainer par moi, c’est la cata – on ne finit pas les mots, on n’a pas le temps.
Quand je décide, c’est beaucoup mieux.
Je décide après mûre réflexion. Moi non.
Moi agit par pulsion. Un cheval emballé dont je dois tenir les rênes. Je suis le cavalier. Moi n’est que mon cheval.

To return and finish with yesterday evening, it is me who had wanted to go there. I did not really want to. Each time that I goes along with me it is a catas…. We don’t finish our words we don’t have the time.
When I decides, it is much better.
I decides after ripe reflection. Me no.
Me acts impulsively. A runaway horse of which I must hold the reins. I is the rider. Me is only my horse.

Pendant des années, le cheval entraînait au diable le cavalier.
Le renversait. Le trainait à sa suite dans la poussière.

Ce qu’on aimerait pouvoir revenir sur ses pas. Ramasser toutes les boulettes.

Over the years, the horse has been taking the rider to the devil.
Threw him off, dragged him behind in the dust.

Who wouldn’t like to be able to retrace their steps. To pick up all the blunders, the balls of paper.

Pour en savoir plus de France Léa
http://www.petit-chariot.org/france%20lea.htm

Elle a fait une soirée au Festival du Conte 2010 de l'Association Arcade de Bretenoux, Lot.
http://www.arcade-bretenoux.fr/festival-du-conte-2010/rien-de-trop-france-lea

Wednesday, 14 April 2010

La Chronique de François Morel en Anglais

Following the regional elections in France, which were considered a great failure for the UMP, and especially for President Sarkozy himself, everybody, including members of his own party, have been taking turns to denounce his reforms and to condemn his style of leadership. So during the week of Sarkozy’s visit to the USA, the French press and commentators were all criticising his English, which they thought was the worst amongst the European heads of state. Perhaps that was why Francois Morel decided to do his chronique of Friday 2nd April entirely in highly accented English.
Après les élections régionales en France, lesquelles furent considérés comme un grand échec par l’UMP et spécialement par le Président Sarkozy lui-même, tout le monde, y compris les membres de son propre parti, ont pris leur tour pour dénoncer ses reformes et condamner son style de direction. Aussi pendant la semaine de la visite aux Etats Unis de Sarkozy, la presse française et les commentateurs critiquaient tous son anglais, lesquels pensaient que c’était le pire de tous les chefs d’état Européens. Peut être est-ce pourquoi François Morel a décidé de faire sa chronique de vendredi 2 Avril entièrement en anglais.

Allo Mr Demorand and everybody. I would like to say zis morning my chronique in English. I am pairfectly bilingual and I think that it is important to be not only frenchy-frenchy but to be open to ze perspectives of ze entire world. Naturally I profited de fait zat Mr Sarkozy has visited Mr Obama for saying ze great friendship who, which, exists between Americans and French people. Like said ze big poet Michael Sardou “if ze Ricains was not coming ‘ere you’ll be all in Germany to speak about I don’t know what, to salute I don’t know woo”. It’s true, it’s complettly true! One morgen in the words of ze poet who illuminates ze way.
Allo M. Demarrand et tout le monde. J’aimerais dire ce matin ma chronique en anglais. Je suis parfaitement bilingue et je pense que c’est important de ne pas être seulement français, français, mais être ouvert sur les perspectives du monde entier. Naturellement je profite du fait que Mr Sarkozy ait rendu visite a Mr Obama pour dire la grande amitié qui existe entre les Américains et le peuple français. Comme disait le grand poète Michel Sardou, « si les Ricains n’étaient pas venu ici, vous seriez tous en Allemagne à parler je ne sais quoi, à saluer je ne sais qui ». C’est vrai, c’est complètement vrai ! Un matin dans le monde de ce poète qui illumine le chemin.
So Mr Sarkozy and his pretty woman, Carla Bruni, was invited directly in ze White House by Mr and Mrs Obama, not in ze bistro of ze corner but directly in ze White House. It’s a great honoor, a great, great, great honoor, not only for ze French President and ze first lady but for everybody in France because when Mr President and his pretty woman are invited it’s you, it’s me, its Mr Demorand, it’s Mr Achilly, it’s Mr Lefebure, it’s Mr Legrand, Thomas ze Tall ‘oo are invited.
Aussi M. Sarkozy et sa “pretty woman” Carla Bruni étaient invités directement à la Maison Blanche par Mr Obama, non pas au bistro du coin, mais directement à la Maison Blanche. C’est un grand honneur, un grand grand honneur, pas seulement pour le président français et pour la première dame mais pour chacun des français parce que quand M. le Président et sa « pretty woman » sont invites c’est vous, c’est moi, c’est M. Demorand, c’est M. Achilly, c’est M. Lefebure, c’est M. Legrand, Thomas the tall, qui sont aussi invités.
Perhaps not exactly everybody, by example not Mr Guillon. Mr Stephane Guillon, I don’t know if you know ‘im, I don’t know if you have ‘ear speak of ‘im. ‘e begins to be very famous in France, ‘e makes some chroniques at ze beginning of ze week. Amusing chroniques, but REALLY aggressive chroniques and I think zat for ze moment it is better, zat he doesn’t go inside in any presidential palace where he is not very “in smell of holiness”, in “odeur de sanctité”. I think that today it is difficult for Mr Guillon. Mr Besson said zat Mr Guillon was racist, lache, I am sorry I do not know what is the traduction of lache in English, coward, OK, of coward and Mr Frederic Mitterrand, ze French minister of culture, it is not “n’importe qui”, has said recently that he detested ze remarks of Stephane Guillon. “I don’t succist where Guillon” he said (???) and he has added,” in France humorist people go too far”. All ze ministers now in France ‘ave to speak about Stephane Guillon, many declarations, many assertions, many speech, and during zis time ze works of ze various ministers are not done! Are not done! So I propose, not necessary to make a minister only consecrated to Stephane Guillon, but pir’aps a special cellule, “cellule special” in French, for e- tu-die every chronique of o’r friendly and talentuous colleague.
Peut-être pas exactement tout le monde, par exemple pas pour M. Guillon, M. Stéphane Guillon, je ne sais pas si vous le savez, si vous avez entendu parler de lui. Il commence à être très fameux en France, il fait quelques chroniques au début de la semaine. Chroniques amusantes, mais TELLEMENT agressives et je pense que pour le moment, il soit mieux qu’il n’aille pas dans aucun palais présidentiel ou il n’est pas considéré comme quelqu’un « en odeur de sanctité ». Je pense que c’est maintenant difficile pour M. Guillon. M. Besson a dit que M. Guillon était raciste, lâche, je suis désolé, je ne connais pas qu’elle est la traduction de lâche en Anglais, coward, d’accord, coward, et M. Frederic Mitterand , le ministre français de la culture, ce n’est pas n’importe qui, avait dit récemment qu’il détestait les remarques de Stéphane Guillon. « I don’t succist where Guillon » il a dit, et il a ajouté « en France les chansonniers vont trop loin ». Maintenant tout les ministres français doivent parler de Stéphane Guillon, beaucoup d’acclamations beaucoup d’affirmations, beaucoup de discours et pendant ce temps là, les travaux des différents ministres ne sont pas faits. Ne sont pas fait. Aussi je ne propose pas obligatoirement de créer un ministre consacré à Stéphane Guillon, mais peut-être une cellule spéciale pour étudier chaque chronique de notre ami et talentueux collègue.
So I come back to my subject, Mr Sarkozy was very sad about Mr Obama because he was not the first to be invited in ze White House. Before ‘im eight ‘eads of state of Europe was invited, eight, not one, not two, not three, not four, not five, not six, EIGHT! Eight ‘eads of states of Europe was invited. It was fini-shed by becoming hurted, humiliated, the Greek, the Sweden, the Dootch and ‘im, Nicholas Sarkozy, the great head of state of the France NO invitation! He said what’s happened, I stink the party or what? But now all is back to normal, so much ze better. I think zat it is very profitable for the American President to listen all ze advice from ze French President, who success nowhere but who has an idée –a, un id’ – an id-ea, (c’est juste ce mot la j’ai du mal à le dire c’est dommage), from ze French President, who success nowhere but who has an idea on all. And now we sing all together “if ze Ricains was not coming ‘ere you’ll be all in Germany to speak about I don’t know what, to salute I don’t know who”!
Aussi, pour revenir à mon sujet, M. Sarkozy était très triste envers M. Obama, parce qu’il ne fut pas le premier à être invité dans la Maison Blanche. Avant lui, huit chefs d’état des pays Européens furent invites, pas un, pas deux, pas trois, pas quatre, pas cinq, pas six, HUIT ! Huit chefs d’état Européens furent invites! Ca finissait par devenir, blessant, humiliant. La Grèce, la Suède, l’Holland et Nicholas Sarkozy lui-même, le grand chef d’état de France, PAS d’invitation! Il disait que quoi qu’il arrive je pu où quoi ? Mais maintenant tout est redevenu normal, tant mieux. Je pense que c’est profitable pour le président américain d’écouter tous les conseils du président français, lequel qui réussit nulle part mais qui a une idée sur tout. Et maintenant chantons ensembles « Si les Ricains n’étaient pas venus ici, nous serions tous en Allemagne à parler je ne sais quoi, a saluer je ne sais qui ».