Thursday 15 December 2011

Frédo - Bernard Dimey



On l'connaît d'puis la communale
Le gars qu'est là sur la photo
A la première page du journal
Mais on l'reverra pas d'sitôt
Il a saigné deux vieilles mémères
Et buté trois flics, des costauds
Certain'ment sur un coup d'colère
Vu qu'il est pas méchant Frédo

We’ve known ‘im since primary school,
The guy on that photo there,
On the front page of the paper,
But we won’t be seeing ‘im again soon.
He spilled the blood of two old dears,
And knocked off three cops, strong'uns.
Without doubt in a fit of anger,
Seeing as ‘ow ‘e isn’t a bad’un, Frédo.

Il a pillé la Banque de France
Pour rendre service à des copains
Pour améliorer leurs finances
Faut bien qu'tout l'monde y gagne son pain
Y a deux trois employés d'la banque
Qu'ont pris d'la mitraille plein la peau
Bon dieu dans ces cas-là on s'planque
Mais c'est pas sa faute à Frédo

‘E ‘eld up the Bank of France,
As a favour for some mates of ‘is,
To improve their finances,
After all it’s everyone’s right to earn a living.
There were two or three bank workers
Who copped some slugs, peppered all over they were!
Good god in cases like that you disappear,
But it’s not ‘is fault, Frédo's.

Il a liquidé sa frangine
Une salope une rien du tout
Parce qu'il voulait plus qu'elle tapine
Elle a calanché sur le coup
Ca c'est des histoires de famille
Ca regarde pas l'populo
Et puis c'était jamais qu'une fille
A part ça l'est gentil Frédo

‘E topped ‘is sister,
A slut, a worthless piece of nothing,
Because ‘e didn’t want ‘er on the game no more.
She snuffed it from the blow.
That’s a family matter.
That’s nobody’s business.
And after all she was only a girl!
Apart from that ‘e’s a sweet boy, Frédo.

Il a vagu'ment fait du chantage
C'était plutôt pour rigoler
Pour avoir l'air d'être à la page
Mais les mômes qu'il a chouravés
C'était des p'tits morveux d'la haute
Qui bouffent du caviar au kilo
Tout pour les uns rien pour les autres
"C'est pas juste" y disait Frédo

‘E ‘ad a little go at blackmail,
It was just for fun really,
To show that ‘e was with it.
But the kids ‘e ripped off
Were snooty little snots,
Who stuff themselves with caviar by the kilo.
All for them and nix for the rest.
“It’s not right, that”, said Frédo.

Il a fait l'ramdam chez les Corses
Un soir qu'il avait picolé
Et comme y connaît pas sa force
Les autres ils ont pas rigolé
Raphaël a sorti son lingue
Bref tout l'monde s'est troué la peau
C'est vraiment une histoire de dingues
Vu qu'c'est tous des pôtes à Frédo

‘E started a ruckus at the Corsicans’
One evening when ‘e was pickled,
And since ‘e didn’t know ‘is own strength
It was no joke for the others.
Raphaël got out ‘is shiv,
In short ev’ryone got stuck full of ‘oles.
It’s a crazy story really,
Seeing as ‘ow they were all ‘is mates, Frédo’s.

L'histoire des deux voyous d'Pigalle
Qu'il a flingué d'un coeur léger
Moitié camés moitié pédales
Il fallait bien les corriger
Sinon peu à peu qu'est-ce qui s'passe ?
Un jour ça s'allonge aux perdreaux
Total qui c'est qui paie la casse ?
"C'est nos zigues" y disait Frédo

The tale of the two louts from Pigalle,
Who ‘e shot as a bit of ballistic therapy,
Half stoned, half queer,
They needed setting straight.
Otherwise, bit by bit, who knows what might happen?
Soon it’s spread to the young’uns
And who picks up the tab for all that,
“It’s us mugs” said Frédo.

Un coup d'pique-feu dans l'péritoine
Et Frédo s'est r'trouvé comme ça
Le cul sur l'faubourg Saint-Antoine
Qu'est c'qu'il foutait dans c'quartier-là ?
Bien sûr il s'est r'trouvé tout d'suite
Avec les poulets sur le dos
Maint'nant vous connaissez la suite
Vous l'avez lue dans les journaux


A poker in the belly And Frédo found ‘imself just like that,
On ‘is arse in the faubourg Saint-Antoine.
What the ‘ell was ‘e doing there?
Of course in a trice
‘E ‘ad the pigs on ‘is back,
And now you know the rest,
‘Cos you’ve read it in the papers.


Un garçon qu'avait tout pour faire
Impeccable mentalité
Délicat, correc' en affaires
Bref il avait qu'des qualités
Ca fait mal quand on l'imagine
En train d'basculer sous l'couteau
De leur salop'rie d'guillotine
Un mec aussi gentil qu'Frédo.


A lad who ‘ad everything still to do,
An impeccable attitude,
Tactful, straight in business deals,
When all's said and done ‘e ‘ad only good qualities.
It ‘urts to imagine ‘im
About to fall under the blade
Of that filthy guillotine.
A bloke as nice as Frédo.

Traduction libre par John et Christiane Preedy 2011

Bernard Dimey Wikipedia et son site internet

Les Frères Jacques

1 comment:

  1. Bernard DIMEY
    Si ce nom vous est connu lisez la suite:

    Préface

       Annie Massy aime la chanson et sa Champagne. On pourrait même écrire que cela va de soi, car elle aime ce qui pétille chez les chanteurs, et ne pouvait donc trouver sujet plus approprié que Bernard Dimey.
       Un chanteur, c’est un corps, une voix, une inspiration et une histoire. Annie Massy avait déjà su planter les enjeux de la création chez un autre aventurier de la chanson ancré dans un territoire : Jacques Brel, dont elle avait su avec talent croquer la « brelgitude ». Être de quelque part, en tirer sa sève, ancrer son imaginaire dans les fils de l’enfance, voilà une méthode.
       Après Brel, Annie Massy s’attaque donc au massif Dimey par la même voie : celle du terroir.
       Pourtant, la tâche est plus complexe : l’ancrage de Brel à sa Belgique natale est une clé reconnue de son œuvre et de sa notoriété. L’aborder par ce biais, c’est conforter le regard du lecteur. Avec Dimey, Annie Massy entreprend une ascension bien plus périlleuse. Car, elle ne le cache pas, c’est à Montmartre que Dimey a bâti sa gloire. On sait qu’il adorait se présenter comme un célèbre « poète du XVIIIe »..., ajoutant après un temps d’arrêt, « arrondissement »...
       Or c’est en Champagne que tout se noue pourtant pour la compréhension de cette œuvre multiforme et foisonnante. Annie Massy l’établit avec brio. Le tour de force est magistral puisqu’il part d’un paradoxe, Dimey ayant plutôt voulu laisser dans l’ombre toute la première partie de sa vie. Mais notre auteur a du talent et de la vista : c’est en tressant le récit des premières années de Bernard Dimey, avec l’analyse rigoureuse de la plupart de ses chefs d’oeuvre, qu’elle emporte l’adhésion du lecteur. Du coup, on comprend que, comme chez Brel qui a su devenir lui-même en se libérant de sa Belgique, Dimey a su élaborer son succès par une forme de catharsis : il s’inspire de ses années de formation dans sa Champagne d’origine, de Nogent à Troyes, pour mieux sublimer ses rêves et ses déceptions en autant de morceaux que d’autres porteront au triomphe. Un voyage par procuration dont la matrice tirerait ses bulles de la Champagne, pour faire rayonner l’esprit de L’enfant maquillé, de Louxor à Syracuse...
       Intelligence, talent et générosité, la plume d’Annie Massy, en bonne champenoise, se met au diapason de son objet d’études : elle nous raconte simplement, de façon rythmée et vivante, le parcours de formation de Dimey, mais ne se limite pas à la biographie. Elle analyse avec précision mais aussi tout son savoir-faire de bonne pédagogue, comment les chansons reconnues sont élaborées. Adepte de la cantologie dont je fus naguère le pionnier, Annie Massy donne chair aux morceaux qu’elle évoque, décrit les interprétations, les musiques et les timbres, pour les faire résonner avec son récit biographique.
       Elle nous donne à comprendre, finalement, tout le charme longtemps insaisissable d’un créateur hors pair.
    Jeunesse champenoise, un très beau titre, et très juste, s’avère un très bel ouvrage, où se révèle une double inspiration en miroir : celle d’Annie Massy et celle de Bernard Dimey. Deux plumes généreuses, nourries des sèves d’un territoire dont l’intelligence et la générosité éclatent en pétillance dans ces pages à lire sans modération.

       Stéphane Hirschi
    Professeur de littérature et de cantologie à l’Université de Valenciennes


    Bernard DIMEY
    jeunesse champenoise, succès montmartrois
    Annie MASSY

    Livre 200 pages - N° ISBN 978 2 35208 083 1 – 17€

    à commander dans toutes les bonnes librairies
    ou sur internet en cliquant sur
    http://www.bordulot.fr/page25/page79/page79.html









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